Le chateau "folie" de Sintra.
On roulait dans les collines de Sintra, sans but clair. Enfin si : suivre une Ferrari GTO repérée sur la nationale. Un modèle ancien, pas une de ces copies. Le genre de voiture qu’on n’oublie pas.
On a tenté de la suivre, mon collègue au volant, moi les yeux rivés sur les courbes, comme si on allait la retrouver au prochain virage. Mais bien sûr, on l’a perdue. Et à force de tourner, nous sommes tombés là-dessus. Le château. Sorti de nulle part.
Un truc improbable, haut perché, brume autour, couleurs criardes sous un ciel délavé. On aurait dit un décor de film mal rangé.
Je suis sorti de la voiture sans comprendre ce que l’on voyait. Un croisement entre un parc d’attraction, un rêve gothique et un décor pour la Belle au bois dormant version psychédélique.
J’ai sorti mon appareil. Et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais oublié de changer l’ISO de la pellicule. Trop sensible. Résultat : des images granuleuses, surexposées, avec des couleurs qui bavent. Des photos ratées techniquement, mais parfaites pour traduire ce que c’était : une apparition, un glissement dans un monde parallèle, un accident d’image au bon moment.
Nous n'avons jamais revu la GTO. Mais ce jour-là, nous avons visité un château qui ne devrait pas exister. Et j’ai ramené des clichés irréels. Comme si la pellicule s’était mise, elle aussi, à douter du réel.