– Pause café du phototographe
J’ai marché toute la matinée.
Rien de spectaculaire, mais j’ai eu deux, trois instants que je sens bien. Le gosse au ballon sous le porche, c’était pas mal. Peut-être un peu tôt au déclenchement… On verra. Le reflet dans la vitrine de la boucherie aussi, il y avait ce type en veste bleu pétrole qui a surgi pile au bon moment. Là, je crois que je l’ai.Je me suis calé au café. Toujours la même table, en bord de lumière.
Un café serré, un verre d’eau, et l’appareil posé juste là, à portée de main. J’ai commencé à faire défiler les images. C’est drôle : parfois on est sûr d’avoir l’image — et puis non. Et d’autres fois, une photo qu’on a presque oubliée se révèle, comme un négatif qui prend vie d’un coup.J’ai trié vite fait. Mis deux étoiles à quelques-unes. Pas de quoi faire une série, mais assez pour ne pas rentrer bredouille. Je me suis surpris à sourire. Discrètement. C’est bon signe.
Autour de moi, ça s’agite doucement. Des rires, des chaises tirées. Le serveur a changé. Je pourrais rester encore un peu, mais je sens que l’envie revient. Il y a cette lumière rasante qui commence à se poser sur les trottoirs. Elle ne dure jamais très longtemps.
Je vais finir mon café, et je repars.